Brest (29200)

Informations Pratiques

Passerelle Centre d’art contemporain

Exposition

17.06.22 → 17.09.22
À fleur de peau

Ali Cherri, Cao Fei, Cui Jie, LaToya Ruby Frazier, François-Xavier Gbré, Pauline Ghersi, Cecilia Granara, Tirdad Hashemi, Rayane Mcirdi, Marilou Poncin, Romane de Watteville, Chloe Wise

À travers le regard de douze artistes, l’exposition « À fleur de peau » met en exergue les rapports entre la ville et ses habitant.e.s. Plus précisément, il s’agit d’observer comment l’architecture et l’urbanisme peuvent modifier et influencer nos comportements, nos corps et nos psychés. « À fleur de peau » ne cherche pas l’exhaustivité et l’impartialité et tente de dresser un panorama engagé et poétique de différentes approches artistiques.

Les villes évoluent, s’étendent, se fragmentent, parfois elles s’éteignent. Les habitant.e.s sont directement concerné.e.s et l’expérimentent tous les jours. Ces impacts sont très différents suivant l’origine sociale et les moyens financiers de chacun.e.

La « gentrification », l’un des processus de modification urbaine le plus connu, a reçu de nombreux échos récents dans la littérature, la sociologie ou encore l’urbanisme. Ce terme, issu de l’anglais, désigne les transformations de quartiers populaires engendrées par l’arrivée de classes sociales plus aisées qui réhabilitent des logements et importent des modes de vie et de consommation différents. Les plus pauvres et fragiles sont chassé.e.s plus ou moins violemment par le système des promoteurs ou tout simplement par la hausse des prix. Vivre dans un état d’incertitude, dans la conscience d’un départ inévitable, parfois dans des conditions d’insalubrité marque profondément les habitant.e.s de ces lieux. Les artistes Cao Fei (Chine, 1978) et François-Xavier Gbré (France, 1978) évoquent ce sujet par l’angle de l’absurde dans une mégapole chinoise pour l’une et par une méthode d’archivage du démantèlement d’un quartier précaire d’Abidjan pour l’autre. Rayane Mcirdi (France, 1993) capte des récits de vie et des conversations d’habitants dans le contexte de la mutation de la banlieue parisienne où les immeubles neufs remplacent les barres des années 1960.

Industrie, flux automobile, chauffage modifient l’air et les sols des villes. Certaines immenses agglomérations sont connues pour baigner dans des nuages de pollution opaques et permanents, modifiant les climats locaux et intoxiquant les habitant.e.s, tout autant que la faune et la flore. Dans les photographies de LaToya Ruby Frazier (Etats-Unis, 1982), les corps sont malades, marqués par des empoisonnements générés par des aciéries environnantes à un quartier résidentiel.

La guerre et ses destructions traumatisent durablement et profondément les esprits et les corps. Des bâtiments en ruines sont conservés comme lieu de mémoire tel le dôme de Genbaku au Japon devenu le mémorial de la paix d’Hiroshima à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Des quartiers de zones de conflits sont interdits et mortels tandis que d’autres sont fortifiés à l’image de la Zone verte de Bagdad en Irak où les dignitaires locaux et étrangers vivent coupé.e.s de la population. Ali Cherri (Liban, 1976) conte son enfance pendant la guerre civile où il lui était impossible de jouer ou se balader dans les rues devenues hostiles.

De nombreuses thèses féministes étudient l’histoire des villes en regard de celle du patriarcat – l’autorité détenue par les hommes à l’exclusion des femmes. Les hommes sont célébrés dans l’espace public à travers des noms de rues, de bâtiments ou encore des statues et les femmes invisibilisées. Les hommes s’approprient la sphère publique, créant parfois des atmosphères de contrainte, et amènent à une peur, parfois inconsciente, de l’espace urbain marqué par des stratégies d’évitements afin d’éviter d’être importunée. En 2006, tel un symbole, la rappeuse Diam’s chantait « Y a comme un goût de viol quand je marche dans ma ville ». L’artiste Cecilia Granara (Arabie-Saoudite, 1991) exprime ce dégoût dans sa peinture qui témoigne de la colère silencieuse qu’elle accumule dans sa vie parisienne quotidienne.

La ville est construite comme un réseau vivant en perpétuelle évolution. Elle porte en elle l’histoire de ses habitant.e.s telles des archives à ciel ouvert. De son côté, Pauline Ghersi (France, 1989) raconte l’histoire de quartiers et son appropriation par sa population dans une série de films. Marilou Poncin (France, 1992), elle, met en relation cartographie urbaine et radiographie des corps – la ligne de métro devient une artère battante. Chairs, esprits et rues se confondent au profit du collectif et du commun.

INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES

  • Merci aux artistes présenté.e.s, aux prêteurs et mécènes dont le Fonds Régional d’Art Contemporain Alsace, M. Alexandar Dacić, aux galeries Ciaccia Levi, Exo Exo, Cécile Fakhoury, Imanes Farès, gb agency et Almine Rech
  • Vernissage le 16.06.22 à 18h