Exposition
Passerelle Centre d’art contemporain accueille la première exposition personnelle institutionnelle d’Apostolos Georgiou en France. Né en 1952 à Thessalonique en Grèce, Georgiou a tout d’abord étudié l’architecture à Vienne avant de poursuivre des études de peinture à Florence de 1973 à 1975. Il vit et travaille entre Athènes et l’île de Spokelos où il développe une œuvre picturale atypique entre peintures de grands formats et dessins. Ses oeuvres sont conservés par de grands musées depuis le Centre Pompidou à la National Gallery of Victoria à Melbourne. L’exposition Hello Dog, Hello Sir! est une présentation d’une vingtaine d’oeuvres récentes. Le titre, volontairement absurde, évoque tout d’abord une toile présentée dans l’exposition mais surtout l’univers ubuesque à la Jacques Tati de l’artiste.
Les personnages de Georgiou ont une existence étonnante, prenant part à des situations souvent inattendues et incohérentes. L’imaginaire est convoqué à travers des scénettes proposant autant d’histoires personnelles que de regardeurs. Georgiou aime raconter, parler des détails de ses toiles mais ne souhaite pas imposer son discours ou ses narrations – ses oeuvres sont toutes dépourvues de titre afin d’éviter tout parasitage linguistique. Amateur de métaphore, il compare l’œuvre d’art à l’être aimé.e : il existe une relation de charme unique entre regardeur.euse et peinture. Georgiou pose son regard sur toutes les strates de la société, alternant ses représentations entre des intérieurs bourgeois, des foules compactes regroupées pour des raisons énigmatiques – des manifestations ou des discours, peut-être des concerts ? –, et des extérieurs qui évacuent la question du paysage. Chaque toile, sauf à de rares exceptions, se construit comme un non-lieu, sans caractéristiques propres, accentué par des fonds gris atones. C’est dans cette négation des repères que cette peinture affirme sa forme tout en pouvant paraître déroutante. Il est ainsi impossible de décrire un contexte précis et les personnages eux-mêmes sont interchangeables, marqués par des traits tranchés mais lambda.
En soi, la peinture de Georgiou rappelle une certaine sorte du théâtre contemporain qui s’attache à effacer toutes références pour conserver l’essence même de la forme et du propos. Cette manière de construire les compositions, de se concentrer sur une expression essentielle amène le spectateur à observer une simple situation entre microaction et un micro-événement. Souvent autobiographiques, ces instantanés mêlent quotidienneté banale et réflexion sur la condition humaine mâtinées d’un humour absurde ou noir. Il se dégage de ces peintures une impression de sérénité et une sensation ambivalente oscillant entre bienveillance et malaise. En 2013 dans la revue Frieze, Georgiou décrit le sentiment qu’il recherche : « une peinture doit posséder une tension pour nous pousser à la regarder ; pour nous réveiller d’un état d’indifférence ». [A painting must have the tension to provoke us to look at it; to wake us up from a state of indifference].
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