Brest (29200)

Informations Pratiques

Passerelle Centre d’art contemporain

Exposition

17.02.23 → 20.05.23
Prendre corps au monde

Mathieu Kleyebe Abonnenc, Monira Al Qadiri, Kader Attia, Judy Chicago, Torkwase Dyson, Romuald Hazoumè, Zanele Muholi, Otobong Nkanga

Questions écologiques et passé colonial sont au coeur des histoires qui traversent la dernière création intitulée Leçons de Ténèbres de la chorégraphe Betty Tchomanga, invitée à étendre son projet en tant que commissaire d’une exposition à Passerelle Centre d’art contemporain à Brest.

« Les Leçons de Ténèbres » sont originellement un genre musical liturgique du XVIIème siècle qui met en musique les Lamentations de Jérémie sur la destruction de Jérusalem dans la Bible. C’est également le titre d’un film réalisé par Werner Herzog en 1992 sur la mise à feu de 732 puits de pétrole par les forces irakiennes qui se retirent du Koweït. Le réalisateur y met en scène une vision d’apocalypse comme un long poème sur la fin de la Terre.

Les Leçons de Ténèbres de Betty Tchomanga convoquent, elles, des disparu.e.s, des ancêtres, des revenant.e.s. Ces leçons parlent des ténèbres, explorent l’obscur, nos histoires cachées et enfouies.

« J’ai pensé cette exposition comme le prolongement de mon travail chorégraphique et du travail de recherche qui y est associé. Les oeuvres et les artistes que j’ai souhaité inviter ont tou.te.s un lien avec les pensées, les imaginaires, les images qui nourrissent mes deux dernières créations Mascarades et Leçons de Ténèbres. Je me suis appuyée sur l’idée de « Prendre corps au monde » développée par le docteur en sciences politiques Malcom Ferdinand dans son livre Une écologie décoloniale, penser l’écologie depuis le monde caribéen. Dans cet essai, il propose une nouvelle façon d’aborder la question écologique en la reliant à l’histoire coloniale. La figure du navire négrier y apparaît comme une métaphore politique d’un monde marqué par des rapports de domination. Celle d’un navire-monde propose, elle, le récit d’une autre histoire du monde et de la Terre où sont possibles la rencontre et la circulation des croyances, des pensées et des imaginaires. Cette métaphore entre en résonance avec mes recherches sur le culte vaudou et le mythe de Mami Wata [divinité aquatique du culte africain vaudou]. À l’instar du navire-monde de Malcom Ferdinand, mon travail chorégraphique tout comme cette exposition s’appuient sur la circulation, la cohabitation,
la juxtaposition d’images, d’imaginaires et de croyances.

Prendre corps au monde s’inscrit dans le prolongement de « l’incantation de Frantz Fanon [psychiatre et essayiste, figure majeure de l’anticolonialisme] visant à faire du corps le point de départ d’une interrogation sur le monde ». Comment les corps peuvent-ils être les points d’ancrage d’un engagement vers le monde ? Comment les corps mis en position subalterne (c’est-à-dire les minorités raciales, de genre et de classe) dialoguent-ils avec leur environnement, celui de leurs ancêtres ? Comment les corps peuvent-ils transformer la violence, la colère en énergie de révolte émancipatrice ? Comment faire surgir les récits oubliés, enfouis, effacés, cachés ? Comment parler avec les fantômes ? »

Betty Tchomanga, octobre 2022

INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES

  • Commissaire de l’exposition : Betty Tchomanga
    Dans le cadre du Festival DañsFabrik, 2023, organisé par Le Quartz Scène nationale de Brest
    Betty Tchomanga est artiste associée au Quartz, Brest
  • Vernissage le 16.02.23 à 18h