Exposition
Avec “Avaler les cyclones” Evariste Richer propose à La Criée une expérience sensible qui se déploie dans toutes les dimensions de l’espace du centre d’art. Composée d’œuvres spécialement conçues pour l’occasion, l’exposition est une invitation à penser les liens ramifiés entre ciel et terre, Histoire et mythes, météorologie et imaginaire.
Avaler les cyclones est un paysage où l’on dérive entre des montagnes arc-en-ciel, sous un grand soleil fluorescent, le long des frontières de continents foudroyés, pris dans les tourmentes aléatoires d’un ciel en nuances de gris.
Avaler les cyclones est une pseudomorphose dans laquelle un cercle se transforme en infini, 75000 faces de dés à jouer révèlent l’apparition d’un cyclone et deux pales d’hélicoptère deviennent les aiguilles d’une horloge fantôme.
Avaler les cyclones est une concaténation où les différentes œuvres se lient et s’enroulent autour de la figure de la spirale.
Avaler les cyclones est un climat qui oscille entre dérèglement, foudroiement et éblouissement.
Dans Avaler les cyclones la main humaine – celle qui tient la baguette du chef d’orchestre, le crayon de l’architecte, mais aussi la canne d’aveugle ou les dés hasardeux – est partout présente. Dans ses gestes suspendus et à travers ces différentes opérations, elle tente une réappropriation de l’expérience du temps long. Par‑là, l’exposition interroge la place de l’homme sur terre, sa puissance d’invention autant que sa démesure démiurgique.
Avaler les cyclones est un oxymore : elle dit la suspension et l’accélération, l’inquiétude et l’émerveillement, le mouvement et la pétrification.
Avaler les cyclones est l’expérience d’un vertige qui prend la forme d’un haïku crépusculaire : l’humain dans le soleil couchant, la spirale l’emporte, les dés sont jetés.
Avec Avaler les cyclones Evariste Richer déploie une pensée lente et ardente, géologique presque. Cette pensée se cristallise dans des œuvres qui se suspendent, se précipitent et interagissent pour dire l’épaisseur et la stratification des temps autant que l’irréductible intensité du présent.
L’exposition est ainsi un lieu où les histoires humaine, géologique et cosmologique s’entremêlent. En cela, elle raisonne avec les mots de l’historien Achille Membe : « […] traitant de la Terre, c’est d’une chaîne symbiotique, en réalité l’étendue du vivant et de ses innombrables manifestations, que l’on doit garder à l’esprit. Les humains, les espèces animales, végétales et minérales, les microbes, les vents, les tornades, les ouragans, les bactéries et les virus ainsi que les mers, les cieux, le climat, les dispositifs technologiques et autres appareillages artificiels et extériorités en font inséparablement partie. Que dire par ailleurs des sols et des glaciers, du mélange rocailleux déposé par les rivières, des collines striées, de l’argile, de la pierre et des statues ? »
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