Demain la veille parle de ces présences aux bords des mondes, d’hier à demain. De celles et ceux qui habitent les pointes, les extrémités mais aussi les marges et les confins.

Et de leur attention mêlée de soin et de vigilance, portée vers un lointain presque infini.

Celles et ceux qui veillent se maintiennent éveillé·es, dans cet état d’attention active qui tient debout même allongé, qui gardent les yeux ouverts dans l’obscurité, pendant que les autres dorment, rêvent, naviguent ou dérivent.

Demain la veille est une installation, pensée spécifiquement pour la Galerie du Dourven, qui se compose de dix-huit panneaux textiles et d’un dispositif lumineux programmé pour éclairer les moments d’entre-deux, à la tombée de la nuit et au lever du jour. Entre chien et loup.

Des draps anciens qui ont vu des milliers de sommeils, ont été récoltés ici. Découpés et taillés, les morceaux choisis sont assemblés selon la technique japonaise du pojagi, une pratique de valorisation des chutes de tissus, de ces petits restes que l’on garde au cas où. Comme un vitrail de fortune, l’œuvre filtre la lumière du dedans, dessine des lettres dans l’épaisseur du tissu.

C’est aussi à la suite de recherches menées en résidence au Dourven en 2023, autour des bannières et de leur port vertical et manifeste que s’écrit le message. Une lettre pour chaque fenêtre, c’est ce qu’invite cette sorte de texte à trou, comme une énigme posée à la pointe.