Exposition
L’exposition Les clapotis invisibles est le fruit d’une résidence de l’artiste italienne sur le territoire lorientais en 2023, portée par Le Lieu et soutenue par le réseau Diagonal dans le cadre du programme Entre les images, Le Lycée Dupuy de Lôme et le Centre Social du Polygone.
LES CLAPOTIS INVISIBLES
” Un jour, le vent a balayé les nuages, ramenant le soleil et les contrastes vibrants des ombres. À chaque souffle, il gonflait les nuages, déplaçant le plafond du monde un peu plus haut.
Sans comprendre d’où elle venait, je poursuivais une musique diffuse, céleste, suivant le vent. Elle était toujours différente, apportant une délicatesse constante. Un jour, au bout d’une falaise, parmi les fleurs du printemps, j’ai trouvé cette musique agrippée aux cordes du phare, jouée par le vent comme un violon.
J’ai appris à attendre pour marcher sur le sable ridé par le souvenir de l’écume. La mer reviendra, car elle revient toujours. Les rochers cesseront de crépiter, la vie des abysses révélée s’épanouira à l’ombre océanique. Les vagues occuperont la mer avec leur litanie, devenant finalement silence.”
PELLE DI LAVA
Sur l’île de Stromboli les habitants savent que le monde est fini. Ils vivent se sachant à la merci de la montée des eaux et des éruptions volcaniques. Ici les vivants sont entre le feu et l’eau, se baignant encore et encore dans l’eau de la mer très proche de la soupe originelle et sous la cendre.
Le travail photographique de Chiara Indelicato pose cette question : comment vivre dans un monde fini, où les ressources sont limitées.
Alors faut-il ne rien faire ? Ou alors, le moins possible ?
Les habitants regardent la mer, regardent le ciel, surveillent le volcan. Et agissent le moins possible contre eux.
Sur l’île on apprend vite à être en communion avec les éléments plutôt qu’en antithèse. On apprend de l’histoire de l’île et on sait bien que les murmures du volcan pourraient devenir à tout moment autre chose : une force destructrice capable de renverser non seulement les viscères de la terre mais aussi celles de la mer.
L’île est dominée par sa grande nature. C’est en sortant du bateau qu’on se rend compte ce qu’est d’être vraiment sur une ile, loin, isolée, à la merci du volcan, qui rythme le temps avec sa voix de baryton.
Ici on vit en regardant la mer et le volcan, on vit en écoutant le vent et ses tempêtes qui décident de nous rappeler de temps en temps l’existence de cet autre monde au-delà de l’horizon, un monde que, le temps d’arriver sur l’ile, est presque oublié. Les tempêtes qui arrivent et qui dévoilent les côtes au-delà toujours plus proches réveillent les souvenirs de ce passé presque comme une menace. Un rappel de ce passé laissé derrière nous pour construire ici à nouveau et différemment.
Ici le temps est dominé par le fatalisme. L’urgence de la vie, du soleil, de la mer qui n’arrête jamais de chanter sa prière nous dépouille de notre passé, on est allégés. Le futur est fait d’instants imminents, les projets ont le gout des rêves qui disparaissent au premier café du réveil.
Ici on vit le présent avec cette urgence presque dramatique de pouvoir le vivre en liberté et sans contrainte.
A Stromboli on dit «en voyant, en faisant », en soulignant la mutabilité des plans et l’omniprésence des interférences. On le répète comme une formule magique pour apaiser nos âmes habituées à une vie règlementée et remplie de certitudes qu’on finit par détester, on le répète comme pour justifier ce choix de vie, d’insularité : un endroit définitivement hostile mais auquel il est désormais difficile de renoncer.
INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES
• De la mer à l’image, un atelier argentique avec Chiara Indelicato, le samedi 7 septembre de 11h à 18h