Exposition
Sophie Cure
Alpha, Bravo, Charlie, s’inscrit dans un cycle où chaque année un·e artiste est invité·e à concevoir une exposition qui convie les publics du centre d’art contemporain à la manipulation et à l’interaction.
Sophie Cure est artiste, designer graphique et typographe. Elle considère le langage comme une matière vivante avec laquelle jouer. Ses objets à géométrie variable suscitent le plaisir de lire, déchiffrer, comprendre, regarder autrement les choses du quotidien. Élections du mot du jour, plateau de Scrabble® aux lettres versatiles, coloriage d’idées noires, sonates de lecture composent sa pratique. Dans ses créations, il est presque toujours question de jeu. Pour Sophie Cure, c’est un moteur de création, un état d’esprit, un outil favorisant le partage et l’apprentissage, laissant surgir l’inattendu.
Avec cette exposition, elle nous invite à plonger dans un territoire immersif et polysémique. Une zone protégée dans laquelle les mots sont hissés haut, choyés, accueillis, effeuillés et écoutés avec curiosité. Il ne tient ensuite qu’à nous de jouer avec les plis et replis du langage, de plonger dans les grands mots, de divaguer, giberner[1], lofer[2] ou se laisser flotter.
Alpha, Bravo, Charlie sonne comme une formule magique pour tenter de lire dans les flammes. C’est le point de départ d’un parcours pour déployer, cacher, décaler, composer, pour révéler la musicalité, le pouvoir intime et politique des lettres, des syllabes et des mots qui composent cette exposition. C’est aussi la mission sensible confiée par l’artiste : jouer.
Le Bureau des Affaires Lexicales propose, par exemple, de réhabiliter des mots disparus ou de revitaliser ceux usés par la langue de bois, d’inventer des mots nouveaux pour combler les vides lexicaux, d’accueillir des mots en exil et d’envoyer valser le plus loin possible les mots détestés.
Dans un monde en crise, préserver le langage apparaît comme une nécessité. Quand certains tentent de le confisquer et de l’utiliser comme un instrument d’oppression et de domination, levons les étendards pour une langue vivante et libre. Une langue irrévérencieuse. Une langue sensible, « une langue asile, une langue antimissile, une langue inutile, reptile, fertile. »[3]
L’exposition à Passerelle réunit un corpus d’œuvres de Sophie Cure produites et présentées en 2021 au Bel Ordinaire à Pau. Elle s’enrichit de nouvelles productions soufflées par le contexte maritime local, l’architecture du centre d’art contemporain brestois et l’actualité politique. En écho à cette proposition, une autre délégation du Bureau des Affaires Lexicales, un projet conçu par Sophie Cure et animé par Mathilde Chéreau, est installée Place Napoléon III à Bellevue à Brest depuis avril et ce jusqu’à fin octobre 2025. Ce lieu convivial et ouvert sur le quartier accueille les élections du mot du jour et les diverses expérimentations graphiques et typographiques.
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