Exposition

27.04.16 → 05.06.16
Musique pour plante verte – Morgane Tschiember

dogmaart-morgane-webUne installation de Morgane Tschiember avec la partition musicale de Corsin Vogel

L’installation « Musique pour plante verte » présentée au Project room du centre d’art de Quimper est une structure autonome sur laquelle viennent dialoguer différents éléments. Plusieurs plantes vertes y sont installées à différentes hauteurs, elles écoutent une musique spécialement conçue pour elles par Corsin Vogel à partir des sons d’oiseaux enregistrés par le musicien Jim Fassett pour son étonnante « Symphony of the Birds » qui a accompagné pour la première fois l’exposition de Morgane Tschiember au Musée des beaux-arts de Dole en 2015. La partition de Corsin Vogel s’inscrit dans la continuité de ces sonorités.

Pour le Quartier, Morgane Tschiember réalise une installation qui évoque un cycle, les plantes écoutent tranquillement de la musique, elles ne manquent de rien, elles sont arrosées tous les jours, plantées dans une terre spécifique qui leur convient. Entre plantes d’appartement et plantes de musée, elles s’adaptent à une nouvelle façon de vivre, à l’instar des individus de la société liquide décrite par le sociologue Zygmunt Bauman qui dénonce le flux des relations indécises exclusivement fondées sur l’acte de consommer.

Dans « Musique pour plante verte » un grand nombre de chewing-gums, en écho à une certaine culture hollywoodienne, semble nous rappeler que la chlorophylle finit souvent dans nos bouches….On aperçoit également un certain nombre de brumisateurs qui jonchent le sol, d’une marque qui nous vante les mérites d’une eau pure venue des montagnes. Entre construction et dépotoir, des brumisateurs dont la marque de couleur rose nous renvoie à l’idéal de la montagne, du vert tendre chewing-gums qui résonne avec les plantes vertes, des shibaris suspendus aux formes rappelant le monde végétal, des tissus terreux qui font de l’ombre aux plantes, cette installation constitue une sorte de condensé de notre société, entre zen et hardcore, bondage et musique classique, qui oublie souvent ses origines, et particulièrement celles du sol sur lequel nous marchons tous les jours.

Subtilement, la céramique qui apparaît ici sous toutes ses formes et tous ses états : terre fraîche qui maintient les plantes en vie, tissus trempés dans la terre liquide et séchés, tablettes en céramique, shibaris émaillés et même l’eau des brumisateurs qui récupère ses nutriments à travers les roches, retrouve ici son élément d’origine, la terre.

 

Morgane Tschiember Née en 1976 à Brest. Vit à Paris. Diplômée de DNSAP de l’ESNAB de Paris en 2002 et DNSEP de l’EESAB de Quimper en 1999. Elle a été lauréate du Prix Espace Paul Ricard en 2001. Depuis, elle a collaboré avec de nombreux artistes, notamment avec Olivier Mosset, et a participé à plus de 60 expositions monographiques et de groupe en France, Autriche, Belgique, Grande-Bretagne, République tchèque, Allemagne, Italie, Serbie, Japon, Suisse et aux États-Unis. Morgane Tschiember a orienté ses travaux vers des pièces tridimensionnelles afin d’explorer les transitions entre les dimensions et les rapports entre matériaux, formes et techniques. Ses œuvres sont autant un moyen d’explorer les éléments fondamentaux de l’histoire de l’art tels que la forme, la couleur et la matière, que celui d’étudier la relation entre les objets et les lieux. En conséquence, ses installations et sculptures tentent d’inclure les données comme le temps, l’action, le mouvement, le flux ou les fluides, tout en intégrant l’expérience du spectateur.

 

Corsin Vogel Né en 1972. Vit et travaille à Dole (Jura) et Mathon (Grisons). Ses études de physique et d’acoustique à Strasbourg, Marseille, puis Toulouse mènent Corsin Vogel à l’acoustique musicale par l’intermédiaire d’un doctorat sur la perception des ambiances sonores urbaines à l’Université Pierre et Marie Curie de Paris (LAM). Il suit en parallèle une formation musicale au Conservatoire d’Aubervilliers – La Courneuve. Cet artiste suisse qui a grandi en Alsace s’intéresse tout particulièrement à la notion de frontière physique ou imaginaire qui oblige nos sens à confronter deux visions différentes, conflictuelles ou complémentaires, d’un même événement, d’un même lieu, d’une même sonorité. Ses installations sonores souvent liées au lieu de diffusion s’articulent généralement sous une forme narrative, proche d’un scénario. L’aspect sculptural de ses installations qui cheminent entre abstraction musicale, environnements sonores concrets et références littéraires a pour objectif de mettre en évidence la spatialité du son.