Brest (29200)

Informations Pratiques

Passerelle Centre d’art contemporain

Exposition

11.06.21 → 11.09.21
Turfur

Johanna Cartier, vues de l’exposition Turfur, 2021 – Passerelle Centre d’art contemporain, Brest © photos : Aurélien Mole

Depuis 2013, Passerelle Centre d’art contemporain et Documents d’Artistes Bretagne accompagnent chaque année deux artistes issu.e.s du terreau breton pour une résidence. Les lauréat.e.s sont invité.e.s à résider à Brest, investir l’atelier du centre d’art pendant une période de 3 mois et produire un résultat sous la forme d’une exposition inédite. Rendant compte de sa résidence, Johanna Cartier (née en 1996) présente ainsi Turfur à l’étage de Passerelle. Diplômée de l’École européenne supérieure d’art de Bretagne – site de Rennes en 2019, Johanna Cartier développe depuis plusieurs années des œuvres s’imprégnant des codes adolescents, résonnant de musiques populaires ou encore scrutant entre empathie et admiration les territoires ruraux.

Après s’être prise de passion pour les concours canins, c’est ici une autre compétition animale qui a fasciné Johanna Cartier : celui du monde hippique. Rassemblant des films, des sculptures et des peintures, l’exposition Turfur résulte de l’observation de cet univers si particulier naviguant entre sport et pari d’argent. Ce monde très masculin est celui du PMU, du bar de quartier ou de cité, celui du jeu Amigo de la Française des Jeux®. Le design y est vieillot ou kitsch, l’atmosphère est celle d’une France invisible et invisibilisée, bercée par les chaînes d’information allumées en continu.

Le titre Turfur est un mot-valise tenant en plusieurs niveaux de lecture. Tout d’abord, le mot « turf », de l’anglais « gazon », désigne le lieu où se font les courses de chevaux et par extension le hippisme et les activités liées aux courses. De plus, ce titre rappelle le verlan de « futur », le fameux « turfu » aujourd’hui largement utilisé dans le langage urbain notamment le rap. Il évoque également l’anglais fur signifiant la fourrure, un élément – toujours synthétique chez l’artiste – qu’elle aime manipuler et qui a la part belle dans l’exposition.  Enfin, Turfur est un mantra, une exclamation issu d’un monde encore méconnu !

À travers deux films, cette exposition est aussi l’occasion d’inverser les rôles, les situations et les présupposés. Le cavalier y est tapageur et excité, tandis que l’adepte des rodéos urbains en moto s’avère tendre et attentionné avec sa monture mécanique. Les deux ont en commun d’être héroïques tout en étant déconcertants. Ils mêlent des intérêts, a priori, de « bourgeois » – l’apologie de l’art équestre – à ceux du « gars de cité » tel que la fascination pour les grosses cylindrées à deux roues.

Turfur observe une marge de la société que l’on croise tous les jours, celle du carrefour d’à côté du travail ou près du boulanger. On le comprend : derrière les formes colorées flashys, les slogans et punchlines ravageurs, et les matériaux soyeux et bon marché qui servent de bases au vocabulaire de Johanna Cartier, c’est en sous-jacent une lutte des classes sans bons ni mauvais qui s’opère.

INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES

  • En partenariat avec Documents D’Artistes Bretagne
    Dans le cadre du programme Les Chantiers | Résidence
  • Avec le soutien de Suravenir, filiale du Crédit Mutuel ARKEA