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Pierre Jean Giloux
Parmi les grandes questions soulevées par l’urgence climatique, il y a celle de savoir ce que peuvent la science et la technique : peut-on encore faire confiance à la technologie, celle-ci peut-elle encore aider à construire demain ou bien est-elle devenue, avec son accélération effrénée, un miroir aux alouettes ? Les débats sont vifs, dans les communautés scientifiques comme dans les communautés artistiques.
C’est à partir de l’un de ces débats scientifiques que le nouvel opus de Pierre Jean Giloux est né : lors d’une résidence en Inde, ce dernier a eu l’opportunité d’assister à la conférence « Metagreen Dimensions 2020 » organisée par le collège d’architecture de Trivandrum. Cette dernière pointait et cernait les enjeux climatiques, économiques, urbanistiques auxquels l’Inde est confrontée et présentait quelques possibles offerts par le biomimétisme. Pierre Jean Giloux a été captivé par ce croisement entre utopie, vivant et avancées technologiques futuristes rapportées au développement urbain. Il a par la suite collaboré avec des laboratoires indiens et français pour la mise en œuvre de Biomimetic Stories.
Chacun des quatre films qui compose Biomimetic Stories explore une dimension particulière de l’utopie urbaine.
Pour Maduraï, Pierre Jean Giloux s’est notamment inspiré des recherches faites par l’architecte Mike Pearce sur les termitières ainsi que des recherches de Frei Otto pour imaginer un quartier protégé par des ombrières métalliques. Ces dernières sont conçues pour récupérer la rosée et créer un éclairage provenant de bactéries bioluminescentes. Ici l’utopie est en germination.
Dholera, s’intéresse à la smart city éponyme. Débuté il y a quelques années, ce projet urbain est actuellement quasiment à l’arrêt et l’artiste en donne à voir une sorte de chantier fantôme : ici, les ruines du futur fissurent l’utopie.
Pirana Dump Yard est le seul film de la tétralogie composé uniquement de captations réelles. Il montre une décharge à ciel ouvert de la banlieue d’Ahmedabad, une montagne de déchets qui se consume lentement et au pied de laquelle vivent pourtant des gens ; plus d’utopie, ni de futur ici.
En contrepoint à cette réalité infernale, dans BioluminescenTTower – dont l’architecture principale est une réplique virtuelle de la Tour d’ombres du Corbusier à Chandigarh – l’utopie architecturale devient le lieu où s’implémente l’utopie réaliste scientifique.
Parallèlement à ces quatre films, l’exposition présente également un remarquable ensemble de dessins de l’artiste qui lui ont servi de story-board, une bande sonore qui relie l’extérieur et l’intérieur du bâtiment, ainsi qu’un choix de l’importante documentation rassemblée par l’artiste pour développer ce projet et qui permet d’en éclairer la dimension prospective.
Présentée sous forme d’installation immersive multi-écrans et sonore, l’ensemble interroge la pertinence des organisations humaines et sociétales dans un monde toujours plus urbain. Plus largement, il pose la question des futurs désirables.
L’exposition Biomimetic Stories sera présentée au printemps 2025 au Botanique à Bruxelles, avec lequel elle est coproduite.
Biomimetic Stories fera également l’objet d’une publication courant 2025 aux éditions de La Lettre Volée.
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