Exposition
Raymond Hains
et
Francis Baudevin, Claude Closky, François Curlet, Ryan Gander, Gavillet & Rust, Manon Recordon, Michael Riedel, Franck Scurti, Alain Séchas
« Et, dans Le Parti pris des choses, son plus récent ouvrage, revenant sur cette assimilation des mots à une coquille sécrétée par l’homme, il s’enchante d’imaginer ces coquilles vidées, après la disparition de notre espèce, aux mains d’autres espèces qui les regarderaient comme nous regardons les coquillages sur le sable.
« Ô Louvre de lecture, qui pourra être habité, après la fin de la race peut-être par d’autres hôtes, quelques singes, par exemple, ou quelque oiseau, ou quelque être supérieur, comme le crustacé se substitue au mollusque dans la tiare bâtarde. (…)»»
Note de lecture de Raymond Hains publiée dans “Raymond Hains – J’ai la mémoire qui Planche”, éd. Centre Georges Pompidou, Paris, 2001, p. 106 ; citant Jean-Paul Sartre, “Situations I”, Paris, Gallimard, 1947, p. 232 [à propos de : ] Francis Ponge, “Le Parti pris des choses”, Paris, Gallimard, 1942.
« Quel serait le dénominateur commun entre Raymond Hains et des artistes aussi différents que Francis Baudevin, Claude Closky, Ryan Gander, Manon Recordon, Michael Riedel, Franck Scurti et Alain Séchas ? L’exposition « À bonne enseigne », imaginée avec l’École européenne supérieure d’art de Bretagne — site de Rennes et le département Arts plastiques de l’Université Rennes 2, nous donne une réponse en deux faces.
Face A : une manière de synthèse de ce qu’est l’œuvre de l’enfant du pays, Raymond Hains. Des premières photographies hypnagogiques réalisées dès le milieu des années 1940 aux Macintoshages, sorte de captures d’écrans d’images de la culture populaire et savante manipulées dans Photoshop et tirées en grand format, en passant par ses images de dérives urbaines où signes typographiques et enseignes se transforment finement en un calembour ou un jeu de mots.
Face B : un ensemble d’œuvres qui font écho, à leur manière à l’un des aspects de l’œuvre de Hains. Des mots, encore des mots, toujours des mots, au regard du papier peint Marabout de Closky, comme les interminables conversations de Hains. Les reflets d’une enseigne lumineuse, celle d’une croix verte de pharmacie, brouillés dans une flaque d’eau, promus au rang de sculpture par Franck Scurti, nous rappellent les déformations hypnagogiques du verre cannelé hainsien. La métamorphose opérée par François Curlet, du logo d’Ebay en peinture abstraite, par la soustraction de sa typographie, résonne idéalement avec l’obsession de Hains pour le signe et l’enseigne.
De la même manière, le puissant signe de la coquille jaune et rouge, logo de la compagnie pétrolière Shell, photographiée, manipulée à de maintes reprises par Hains, trouve dans la virginale Shell d’Alain Séchas la promesse d’une belle rencontre.
Le groupe de recherche a mené ce dialogue, parfois inattendu, entre Hains et ces artistes, avec en tête la logorrhée, aux multiples digressions et détours, de cet infatigable joueur de mots.
« À bonne enseigne » est un objet curatorial singulier qui, modestement, avec légèreté et humour, crée une rencontre fictive entre des artistes, à la manière d’une conversation entre amis, autour d’une chope de Heineken.» [Marjolaine Lévy]
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